Aujourd’hui, l’urgence climatique est plus que jamais au cœur du débat de toutes les parties prenantes. La France, comme l’Union européenne, s’est fixé un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Dans ce contexte, de plus en plus d’entreprises choisissent de s’engager volontairement sur des objectifs ambitieux et sincères de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. La Conférence Neutrality, la conférence nationale de la compensation carbone, a mis en avant la problématique de la communication sur la transition écologique et la neutralité carbone. Le principe est simple. Pour compenser leurs émissions, les entreprises investissent dans des projets qui permettent soit de réduire les émissions de CO2 (projets d’énergies renouvelables par exemple) soit de les capter (projets de reforestation), la plus grande partie de la compensation appartenant à cette seconde catégorie. La session sur "Communiquer autour de la compensation carbone" a permis d'éclairer sur le souci de communiquer autour du terme de “neutralité carbone”, ainsi que le manque de confiance des citoyens en cette communication.
Valérie Martin, cheffe du service mobilisation citoyenne et médias à l'ADEME, a mis en avant :
"Selon le baromètre GreenFlex, 70% des français pensent que ce sont principalement les marques, les entreprises et la grande distribution qui ont à jouer un rôle sur les problématiques environnementales et 71% d'entre eux pensent que la publicité peut avoir un rôle pédagogique. Par contre, seulement 31% des français font confiance aux entreprises sur ces
sujets. Ces données illustrent le fait que les citoyens ne sont pas idiots et ils montent en compétences. Un excès de communication retombera toujours à son envoyeur."
La communication sur ces sujets de compensation carbone est donc très importante et permet de mettre en avant la RSE d'une entreprise. L'ADEME a proposé un guide Anti-Greenwashing sur son site reprenant de nombreux éléments précis afin d'avoir une communication responsable et engagée.
Keyvan Ghorbanzadeh, Doctorant chercheur à l'université Paris I Panthéon Sorbonne, ajoute "Les critiques auparavant dirigées vers la pollution visuelle aux abords des centres-villes sont maintenant orientées vers un sentiment de « Green washing » ".
Comment communiquer en tant qu'entreprise ?
Les entreprises doivent faire très attention à la sémantique utilisée dans leurs communications. La définition la plus pertinente est celle du GIEC*.
De même, il est souvent fait mention de compensation carbone. Néanmoins, cette dernière est souvent vue comme une solution de facilité et non comme une action, comme une volonté d'agir de l'entreprise.
La communication doit également utiliser un langage clair et précis, mettre en avant les preuves concrètes des arguments écologiques avancés et être modérée afin que le client ne voie pas le produit/service comme plus écologique qu'il ne l'est. Il faut également faire attention à ce que le message diffusé soit bien éco-responsable, donc qu'elle n'incite pas à des comportements non écologiques.
Keyvan Ghorbanzadeh souligne également "Il y a aussi la solution des labels qui permet de différencier des agences qui seraient responsables aux autres. Les annonceurs doivent faire le choix de ces labels et se mettre d’accord. Le succès de cette démarche étant largement tributaire d’une
participation d’une majorité des acteurs du secteur."
*Une entreprise, une collectivité ne peut dire qu’elle est neutre en carbone mais elle peut dire en quoi elle contribue à la neutralité de la planète.
Attention au Greenwashing pour les entreprises
Le Greenwashing consiste à communiquer sur l'engagement écologique d'un produit ou d'un service de manière falsifiée, afin d'améliorer l'image de l'entreprise. On peut prendre l'exemple de Coca-Cola qui avait parlé de bouteilles en plastique recyclé, alors que le plastique recyclé ne correspondait qu'à 25% du plastique utilisé, et que l'entreprise produit dans l'année 3 millions de tonnes de plastique. De plus, il n'avait mis en place cette initiative qu'en Europe de l'Ouest, montrant qu'il s'agissait surtout d'un coup de communication et pas d'un véritable engagement de l'entreprise visant à contribuer à la neutralité carbone.
Le Greenwashing se retrouve principalement dans les communications d'entreprises ne mettant en avant aucunes preuves concrètes de leur engagement et de leurs actions écologiques. Comme le soulignait Keyvan Ghorbanzadeh, les labels sont également un moyen de séparer les entreprises engagées des autres et permettent donc de déterminer plus facilement si une entreprise fait du greenwashing, mais surtout de l'éviter si l'on en a.
Laurence Vandaele, directrice RSE du groupe Nexans et Secrétaire générale de la Fondation Nexans a déclaré "La première phase avant la communication, est la mesure l'impact écologique de notre produit ou service : le bilan carbone est un atout puissant qui doit être précis et couvrir l'ensemble des points d'émissions. La deuxième phase consiste ensuite à de la réduction, et non pas directement de la compensation, car cela reviendrait à s'acheter une bonne conduite."
Parlons plutôt de contribution climatique
Il faut voir les crédits carbone comme une façon d’accélérer la transition écologique et non pas comme une façon d’annuler son empreinte. En effet, une entreprise participe à la trajectoire mondiale de neutralité en réduisant ses émissions de CO2, et en développant ou en finançant des puits de carbone. C’est pourquoi il est préférable de parler de contribution climatique.
ZIA AGENCY a organisé la conférence Neutrality, à l'Académie d'Agriculture de France. Plus de 250 participants ont assisté en live à cette première édition regroupant 36 intervenants. 89% des participants digitaux recommanderaient la conférence Neutrality. Mais c'est également 7500 impressions sur Twitter et 5300 sur LinkedIn, ainsi que plusieurs podcasts réalisés.
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